L’IA : une affaire de toutes et tous!

Mandaté en mai dernier par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE), le Conseil de l’innovation du Québec, sous la direction de Luc Sirois, innovateur en chef du Québec, a lancé une réflexion collective qui contribuera à définir les enjeux et les opportunités associés à l’IA afin d’assurer son développement et son utilisation éthique et responsable, mobilisant des experts, acteurs de l’industrie et chercheurs.

Les travaux se déroulent en trois phases : consultations d’experts, forums publics et rédaction du rapport avec recommandations au gouvernement. Le mandat devrait se terminer d’ici la fin de l’année.

Six thèmes ont été identifiés et plusieurs responsables ont été nommés pour mener les travaux en collaboration avec le Conseil de l’innovation du Québec.

  • Le cadre de gouvernance de l’IA
  • Le cadre des investissements en recherche et dans le secteur privé
  • Le cadre de l’utilisation de l’IA par l’État
  • Les impacts de l’IA sur le travail et l’emploi
  • Les autres impacts sociétaux de l’IA
  • Le rôle du Québec dans l’encadrement international de l’IA

Jeudi 2 novembre 2023 se tenait le Forum public sur l’encadrement public de l’IA au Québec, une occasion de prendre connaissance des travaux effectués à ce jour dans le cadre de cette réflexion collective sur l’encadrement de l’IA au Québec, d’échanger avec des experts de divers horizons impliqués dans la démarche et d’imaginer ensemble le futur de l’IA au Québec. 

Parce que l’IA est une affaire de toutes et tous et qu’elle est présente dans toutes les sphère de notre vie, elle fascine et elle fait peur en même temps. Plus de 1500 personnes étaient réunies (300 en présentiel et 1200 en virtuel) et je participais à ce Forum tout d’abord en tant que citoyenne curieuse intéressée par l’avenir de l’IA au Québec et aussi avec la casquette TransMedTech pour en apprendre davantage sur les impacts de l’IA en santé.

Après un mot d’introduction de Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, l’animateur, Christian Bouchard, a posé la table pour la journée, en nous lisant une fable à la manière de La Fontaine sur l’encadrement de l’IA généré par Chat- GPT : Le renard et le hibou.
Le chat-GPT vivant, comme l’a surnommé Luc Sirois, nous a par ailleurs suggéré des lectures toutes aussi surprenantes que pertinentes tout au long de cette conférence.

Pour commencer, trois experts sont venus nous parler d’IA :

Frantz Saintellemy de LeddarTech, nous a exposé son point de vue d’entrepreneur et comment il voit l’IA comme un monde d’opportunités.

-Le Professeur Yoshua Bengio, en mode virtuel, a insisté sur l’importance d’encadrer au mieux et profiter pleinement des avantages de l’IA.

-Et enfin le Professeur Ollivier Dyens nous a expliqué comment devenir plus humain avec la technologie, en résistant aux sirènes et aux monstres marins et en multipliant les moments de « Qualia » (expérience sensible).

Anticiper et se préparer aux impacts sociétaux de l’IA

La protection et la préparation des travailleurs à l’intégration de l’IA dans la société ont été abordées dans un premier bloc animé par Nathalie de Marcellis-Warin, Polytechnique Montréal et Cirano, et Éric Gingras, Centrale des syndicats du Québec.

Ils nous ont parlé des enjeux de responsabilité, de formation continue, de littéracie numérique, et surtout, de l’importance de développer des compétences humaines comme le jugement critique, la créativité, la capacité d’action, et l’adoption de réglementations sectorielles spécifiques surtout pour les secteurs de la santé et de l’éducation.

Lyse Langlois, OBVIA, accompagnée de François Boucher, Commission de l’éthique en science et technologie, de Marie-Julie Desrochers, Coalition pour la diversité des expressions culturelles, et de Sasha Luccioni, Hugging Face, ont abordé les enjeux que soulève l’IA pour la démocratie, les arts et aussi l’environnement.  Ils nous ont parlé des impacts de l’IA sur la société, l’importance de la transversalité, transparence, explicabilité, durabilité et ont insisté sur la prise de responsabilité.

L’État québécois, pionner de l’IA responsable

En après-midi, Éric Caire, ministre de la Cybersécurité et du Numérique, était présent en mode virtuel pour aborder l’importance d’une politique de cybersécurité sur l’état québécois.

Ensuite Anne-Sophie Hulin, Université de Sherbrooke et Sophie Larivière-Mantha, Ordre des ingénieurs du Québec ont abordé les défis de la gouvernance de l’intelligence artificielle, en nous exposant le cadre de l’IA existant et à bâtir.

Elles ont soulevé la nécessité de passer d’une norme éthique, vers une norme juridique dans un cadre harmonisé et contraignant, tout en gardant une certaine agilité et comment inclure tout le monde dans ce processus.

D’où l’urgence d’une formation et d’éducation du public.

Luc Sirois a alors mentionné l’importance des « patients-partenaires » dans le secteur de la recherche en santé, par exemple. Rappelons que c’est une des clés de la Méthode TransMedTechTM.

Kathy Malas, CIUSS de Montérégie-Ouest et Monique Brodeur, Conseil supérieur de l’éducation, ont ensuite abordé la question de l’IA dans les grandes fonctions de l’État.

Kathy Malas a rappelé que l’IA est là pour créer de la valeur, pour plus d’accessibilité et d’optimisation des ressources.

Il faut cocréer, coconstruire. Et ensuite créer des rapports d’impact (qu’elle préfère aux « redditions de comptes »), et mettre en place également des indicateurs pour mesurer l’expérience patient et la bienveillance. « Ne pas juste penser à l’opérationnel! Pensez au bien-être collectif ».

Monique Brodeur a renchéri en parlant de ce nouveau défi : la formation des formateurs.

Il faut apprendre à apprendre tout au long d’une vie, réinventer les méthodes d’apprentissage et aussi personnaliser l’apprentissage.

« Ne pas juste penser à l’opérationnel! Pensez au bien-être collectif ».
Kathy Malas

Les ambitions du Québec pour favoriser l’émergence d’une IA de confiance

Dans ce dernier bloc, Luc Vinet, IVADO, a insisté sur l’importance de poursuivre la recherche technologique en multipliant les collaborations interdisciplinaires et intersectorielles, la concertation, la collaboration, afin de solidifier notre positionnement en IA responsable et d’être ambitieux tous ensemble.

Carole Jabet, FRQ, nous a parlé de données et du besoin de structure, de standard, et de l’importance de mesurer l’impact, qui pour elle n’est pas un choix mais une nécessité, pour un usage et un développement exemplaire. Elle a également rappelé l’importance du « citoyen-partenaire » dans cette démarche.

Julien Billot, Scale AI, a mentionné l’importance d’accompagner des commercialisations dans des environnements contrôlés et l’importance d’encourager le développement du marché intérieur.

Pour conclure cette journée, le ministre P. Fitzgibbon a rappelé le leadership en IA du Québec et Luc Sirois a terminé en insistant sur l’ambition de viser à être un modèle d’IA québécois exemplaire et de confiance.

Pour en savoir plus sur le Forum public IA : Forum public IA 2 novembre 2023 | Conseil de l’innovation du Québec (conseilinnovation.quebec)

Source :
Géraldine Dumesnil
Services des Communications, Institut TransMedTech
geraldine.dumesnil@polymtl.ca